Mon VG5000



J'ai découvert le Philips VG5000 en hiver 1984. A l'époque, j'étais déjà intéressé par l'informatique personnelle mais n'avais pas de machine. Je regardais les rares émissions parlant de jeux vidéo à la télévision, et sentais bien que ce domaine était passionnant. Mes copains de collège avaient des Philips Videopac, avec lesquelles je jouais de temps en temps. Mes parents ne voulaient pas de console de jeu à la maison. Il faut dire qu'elles traînaient la sale réputation d'abîmer les yeux (pas totalement faux d'ailleurs, un ami avait à l'époque fini chez l'ophtalmo à force de jouer des heures avec un pong). Je dévorais les catalogues Camif, une référence à l'époque, où des ordinateurs tous plus impressionnants les uns que les autres étaient présentés (Atari 800xl, Apple II, Thomson To7, etc... ).

Finalement, mes parents consentirent à ce que j'achetasse un ordinateur, qui faisait plus "sérieux" qu'une console. Restait alors le délicat exercice du choix de la machine. Difficile de s'y retrouver à l'époque quand on n'y connaît rien. Les prix coquets des appareils n'arrangeaient pas les choses...

C'est une publicité diffusée à la télévision, où un père et son fils passent tout leur temps sur un VG5000 en oubliant même de manger, qui m'a décidé à opter pour cette machine. Je le concède, ça n'avait rien de rationnel :-).

Mes parent m'emmenèrent alors à la Fnac sur Paris pour acheter un ordinateur. J'avoue que j'étais un peu perdu dans l'immense rayon où des machines très variées étaient présentées (je me souviens bien de l'Aquarius, du Thomson Mo5 fraîchement lancé lui-aussi). Finalement, j'ai quand même acheté l'ordinateur de mes rêves avec mes économies, un VG5000. Il avait un argument fort, son prix. 1590fr au lieu de 2300fr pour un MO5 ! Bon, une fois l'extension manette ajoutée, le joystick, un jeu et le modulateur antenne dans le caddie, la facture s'est étrangement alourdie... Mais j'étais content !

Dans les mois qui suivirent, j'ai découvert avec délectation des jeux en 8 couleurs aux animations d'enfer. J'ai appris le Basic en m'aidant du bouquin fourni avec le VG5000 (il faut l'avouer, il n'était pas très bon) et des excellents petits livres "Battlegames", "Spacegames" pubiés chez Hachette. J'ai alors programmé beaucoup de petits logiciels, hélas tous disparus...

Au bout d'un an, je pensais avoir fait le tour de la machine. On n'en parlait d'ailleurs plus du tout. Pas de publicité pour de nouveaux programmes dans les revues informatiques, pas de listing à taper, personne dans mon entourage avec un VG5000, le désert... Des ordinateurs plus beaux, plus puissants, étaient entre temps sortis, ils me faisaient de l'oeil... J'ai finalement acheté un Schneider CPC 6128, attiré par son lecteur de disquettes (après avoir hésité avec un Exelvision EXL100, l'ordinateur qui parle : c'est son clavier totalement pourri qui m'a finalement fait opter pour un CPC !). Le VG5000 est alors rentré dans sa boîte, même si je le sortais de temps en temps pour adapter dessus des listings Amstrad . Je l'ai finalement revendu à un ami en 1986, fin de l'histoire...

2003, la rédemption ! Je récupère MON VG5000 ! J'avais déjà acheté quelques années auparavant une machine très bien équipée appartenant à une personne rencontrée sur un forum minitel (RTEL pour ceux qui ont connu) et redécouvert la machine. J'avais d'ailleurs été étonné de trouver pas mal de programmes commerciaux dont je ne soupçonnais même pas l'existence (Simulateur de Vol, Staroc, etc.. ). Mais là, je retrouvais mon vieux compagnon. Merci Bertrand et Didier pour m'avoir rendu cette merveille ! Il fonctionnait toujours comme au premier jour ! Seul gros regret, aucune trace de mes cassettes de programmes personnels. Mais bon, ainsi va la vie...

Avec le recul, je ne regrette pas l'achat de cette machine. Même s'il ne s'agit pas d'un ordinateur exceptionnel, il a parfaitement rempli son office en me faisant découvrir le monde merveilleux de l'informatique et de la programmation. Je n'ai jamais rencontré de panne ou de problème avec. Les jeux que j'avais achetés ne m'ont pas déçus. Le hasard ayant bien fait les choses, je n'avais que des logiciels réussis : Tortues, Hélicoptère, Gloutons, Le Monstre, Le fou volant et dans une moindre mesure, U.S.Rallye et Citadelle.

Le VG5000 a été conçu comme un ordinateur d'initiation simple et fiable, et en cela, c'est une vraie réussite. On peut toujours se dire que 16kb de mémoire vive en plus et une puce sonore auraient amélioré la machine et suscité plus d'intérêt auprès des éditeurs français. Mais à la réflexion, s'il avait été plus puissant, le VG5000 n'aurait probablement jamais vu le jour, car il aurait alors potentiellement fait de l'ombre au MSX, l'autre cheval de bataille de Philips.