Informations sur la carrière commerciale du VG 5000

Révision du 05/04/2021


Il n'existe pour l'instant pas d'article documenté décrivant les aspects commerciaux de la carrière du VG 5000. On trouve certes des informations très intéressantes sur la période de pré-lancement grâce aux documents consultables sur le site de Carl (section Documents / documentation marketing), mais rien sur ce qui s'est vraiment passé dans la réalité.

On sait maintenant quasiment avec certitude qu'environ 73 000 exemplaires de la machine ont été vendus. Mais comment, à quel prix et où ces ordinateurs ont t'ils été écoulés ?

Les informations contenues dans cet article proviennent uniquement de mes souvenirs, de mon stock de machines et des rares données qu'on trouve dans les revues de l'époque. On ne peut donc pas dire que, pour l'instant cela soit une référence...

Je fais donc appel à vos propres souvenirs et anecdotes pour le compléter. Toute information sera la bienvenue !


Les circuits de distribution du VG 5000

Lors de sa commercialisation en octobre 1984, le VG 5000 était disponible dans deux canaux de distribution distincts.

Des grandes surfaces et magasins spécialisés dans le matériel électronique grand public

1984 a été l'année de l'explosion du marché de la micro personnelle en France. Le nombre de nouvelles machines annoncées et/ou commercialisées était impressionnant et les ventes croissantes. De grandes chaînes d'hypermarchés et de vente d'électro-ménager / hifi ont commencé à aménager des rayons informatiques. La plupart du temps, des machines étaient en libre accès et on pouvait tapoter dessus (bien pratique pour jauger la qualité d'un clavier). On pouvait évidemment aussi y trouver des logiciels.

Mon premier VG 5000 a été acheté à la FNAC Montparnasse fin 1984.

J'avais programmé sur un VG 5000 en libre service dans une grand surface Auchan en périphérie du Mans en 1985 pour montrer sa "puissance" à mon cousin. Le magasin avait tout un stand informatique où trônait une partie des gloires de l'époque : des MSX, des Thomson et au fond, un Amstrad CPC 664 sur lequel un vendeur faisait une démonstration d'Orphée à un de ses potes!

Un achat récent d'un exemplaire avec facture prouve que la machine a aussi été vendue dans un magasin Conforama en décembre 1986. Sur cette même machine, un bon de livraison sur la caisse d'un pack VG 5000 SM/ J estampillé Continent laisse à penser que cette enseigne aujourd'hui disparue avait aussi participé à la diffusion du VG 5000.


Petit détail rigolo, la machine a été achetée le 24 décembre 1986 soit plus d'un an après la fin de la production!

Les magasins NASA ont distribué le VG 5000, comme le prouve la publicité parue dans le SVM numéro 12 de décembre 1984 (pages 92-93), où une offre promotionnelle de lancement est proposée (la machine plus trois logiciels, Budget, Fichiers et La moto infernale) pour 1990 francs.

Certains enseignes Nouvelles galeries vendaient apparemment la machine. Pour preuve, voici un cachet de revendeur datant de fin 1984. Je ne suis pas sûr que tous les magasins de cette chaîne vendait du VG 5000, car je n'ai pas souvenir d'avoir vu de VG 5000 ou des logiciels dans le magasin de cette enseigne à Montargis où j'allais pourtant régulièrement.
Des petits revendeurs de matériel électoménager et électronique

Un peu à l'image de Tandy avec les enseignes Radioshack , Philips à l'époque s'appuyait sur un maillage important de petits magasins d'électo-ménager ou de hi-fi qui pouvaient être de simples revendeurs ou des sociétés faisant également du dépannage. Particularité qui explique pourquoi la machine a été commercialisée sous différentes marques, plusieurs réseaux de distribution distincts cohabitaient (Philips, Radiola, Schneider).

Wiki de la société Radiola

Wiki de la société Schneider

On trouvait ces magasins dans des villes de taille moyenne mais aussi dans des bourgardes plus modestes. Par exemple, lorsque j'habitais à Courtenay dans le Loiret (un peu plus de 2000 habitants à l'époque), un petite boutique Radiola sur la place principale vendait des logiciels VG 5000, coincés entre les rasoirs et les grille-pains ! Chez ces détaillants, on ne retrouvait que des micros des marques distribuées par le groupe Philips. Je suppose que des MSX ont aussi été vendus par ce canal de distribution.

Les bons de garantie des machines et des logiciels devraient être une bonne source d'information pour retrouver ces magasins. Malheureusement, la plupart des commerçants ne prenaient semble t-il pas le temps de tamponner leur cachet et il est assez rare de trouver sur un bon une adresse et une date d'achat.



Je ne suis pas convaincu que les magasins spécialisés dans la vente d'ordinateurs aient supporté le VG 5000. Un indice qui laisse perplexe est que je n'ai pas réussi à trouver de publicité proposant la machine dans les revues informatiques de l'époque.

Voilà, on en reste là pour le moment. J'ai oublié de dire (mais qui peut en douter ?) que la machine n'a été vendue qu'en France Si Philips avait soldé ses stocks dans un pays de l'Est, je suis sûr qu'on aurait maintenant une "scène" VG 5000 très active !


La publicité et les articles dans la presse

On est passé d'un départ en fanfare au néant absolu en quelques semaines. Pour préparer Noël 1984, Philips a lancé une campagne de publicité sur le petit écran assez massive. Je pense qu'à l'époque, personne n'a échappé à ce spot ! Selon le plan média élaboré par Philips, la publicité a également été diffusée au cinéma.

Publicité Philips pour le VG 5000

Parallèlement, des publicités double page ont été diffusées à la même période pour les VG 5000 Philips et Radiola dans la presse. Mis à part dans les revues Tilt 17, Micro 7 21 et SVM (numéros 11 et 12), je n'ai retrouvé nulle trace de ces encarts dans des revues informatiques. Je pense qu'ils devaient plutôt être placés dans des magazines grand public pour essayer d'attirer les débutants, ce qui semble après tout assez logique. C'est confirmé par des documents provenant du site de Carl (section Media).

Passé ce lancement, je n'ai plus trouvé de publicité pour le VG 5000 ni, plus grave, pour ses logiciels et extensions. Cela a rapidement donné le sentiment aux utilisateurs de la machine qu'il ne se passait rien dessus, alors que des logiciels était publiés (en petit nombre, certes).

Lors de la sortie de la machine, le VG 5000 a été plutôt bien traité par la presse. Les articles de test sont nombreux et tous décrivent une petite machine d'initiation pas chère et sans gros défaut si ce n'est l'absence d'un mode graphique. L'actualité du VG 5000 n'a ensuite plus fait l'objet d'attention. On citera quand même Tilt qui dans les numéros de décembre et janvier 1985 a testé quelques jeux (Bris de glace, L'abeille, La moto infernale, U.S.Rallye). SVM s'est fait l'écho de l'actualité du VG 5000 pendant les premiers mois de 1985 (annonce de sortie de quelques logiciels et des périphériques). Enfin, curieusement, Jeux & Stratégie dans un hors-série de 1986, parle du logiciel Tarot comme étant un machine seller !

Aucun distributeur de l'époque faisant de la publicité dans les revues informatique ne propose le VG 5000.

A la fin de la carrière commerciale de la machine, des publicités ont fleuri dans Tilt (entre juin 1986 et février 1987) de la part des "Comptoir Radio Electrique", proposant au fil du temps la machine à des prix toujours plus bas. Cette chaîne de magasins avait récupéré un stock de machines qu'elle bradait (les derniers VG 5000 ont été produits fin 1985). Notre ordinateur fétiche n'était pas le seul concerné, on trouvait également à vil prix des Alice et des MSX produits par la Radiotechnique.

Voilà, ça fait quand même peu au final, et on voit bien que la promotion du VG 5000 n'a pas été la principale préoccupation de Philips une fois la phase de lancement passée. Une plus grande visibilité des nouveautés sorties en 1985 aurait probablement un peu aidé la carrière de la machine.

Inventaire des articles et publicités dans la presse consacrés au VG 5000


Prix du hardware et des logiciels

Le VG 5000 a été conçu comme une machine d'initiation, et de ce fait, il se devait d'être accessible financièrement. Le prix de lancement pour la machine, fixé à 1590 francs, était compétitif. Seuls le ZX81 de Sinclair (bien moins cher mais vraiment rustique), l'Alice 4k, les Laser 200/310 de Vtech et le Tandy Colour Computer 2 version 16ko étaient plus accessibles. Le hic, c'est que comme pour beaucoup de machines, il fallait investir un peu plus pour avoir un ensemble fonctionnel pour un joueur, à savoir un lecteur de cassette, une extension VG5200 et une manette. Le prix dépassait alors largement les 2000 francs.

MachineFabricantPrixSource
800xlAtari2199Publicité Atari décembre 1984
AliceMatra1199Micro 7 21 novembre 1984
Alice 32 en coffretMatra2495Micro 7 21 novembre 1984
C64 PalCommodore2490Publicité Général décembre 1984
CPC 464 moniteur monochromeAmstrad2990Publicité Amstrad décembre 1984
Color computer 2 16koTandy Corporation1290Catalogue Tandy décembre 1984
Exl 100Exelvision3190Micro 7 21 Novembre 1984 publicité
Laser 200V-tech1280Micro 7 21 Novembre 1984 publicité Ordividuel
Laser 310V-tech1490Micro 7 21 Novembre 1984 publicité Ordividuel
MO5Thomson2350Publicité
VG 5000Philips1590Publicité
ZX81Sinclair580Micro 7 21 Novembre 1984 publicités Vismo et Ordividuel

Ce comparatif montre clairement pourquoi l'Amstrad CPC est devenu un tueur de micros... Pour 500 francs de plus que les autres machines nues ou avec le minimum, vous aviez une machine 64ko complète avec un écran, imparable...

Les petites extensions vendues avec la machine (interface VG5200 et manette) ne semblaient pas avoir de prix public bien défini. Pour la VG5200, le prix tourne autour des 200 francs, pour les manettes, c'est entre 150 et 200, voire plus.

Difficile de dire si le prix du VG 5000 a baissé rapidement, car comme je l'ai déjà dit, il n'existe aucune publicité dans les journaux. Les magasins "Comptoir Radio Electrique" ont soldé les derniers exemplaires à partir de juin 1986 à 590 francs pour finir en février 1987 à 490 francs. Les autres revendeurs ont également dû casser les prix pour se débarasser de ces machines. Seul exemple concret, une facture de vente Conforama d'un pack VG 5000 SM/J datant de Noël 1986 : 690 francs, c'était donné pour une machine complète (certes un peu obsolète !).

Pour les jeux, c'est un peu plus facile de s'y retrouver, car quelques exemplaires ont encore leurs étiquettes de prix ! Pour faire simple, il n'y avait apparement pas de tarif fixé par Philips. Un même jeu peut avoir été vendu 120 francs comme 170 francs, avec une tendance haute !
Les éducatifs et les utilitaires pouvaient eux allégrement dépasser les 200 francs. J'imagine que cela devait faire plus "sérieux" pour l'acheteur...
Pour des programmes sur cassette, ce n'est clairement pas bon marché. On trouvait déjà sur d'autres ordinateurs des jeux moins chers. Ces tarifs pas forcément en rapport avec le coût modéré de la machine n'ont probablement pas aidé la diffusion des programmes. Ceci étant dit, les "classiques" se trouvent facilement, signe qu'ils ont malgré tout été vendus en quantités tout à fait correctes pour l'époque (plusieurs milliers d'exemplaires).

Même à la fin de la carrière de la machine, les logiciels n'étaient pas vraiment soldés. Pour preuve, la publicité envoyé aux membres du Club VG 5000 datée du 15 octobre 1986. Elément intéressant, on a aussi les prix des extensions, qui pour le coup, étaient raisonnables.